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Jocelyne Saab

« Je crois que j’ai toujours voulu rester cohérente, toujours prête à me battre pour défendre ce en quoi je croyais, pour montrer et analyser ce Proche-Orient en pleine mutation, qui me passionnait. »

Jocelyne Saab naît en 1948 et grandit à Beyrouth à quelques kilomètres des nombreux camps de réfugiés palestiniens. Protégée jusque-là par le cocon qui l’entourait, elle s’engage politiquement dès son arrivée à l’université pour les droits des Palestiniens. Jocelyne Saab termine ses études d’économie à Paris. De retour au Liban, elle entame une carrière de journaliste aux côté de la poétesse Etel Adnan, qui l’embauche au journal As Safa.

En 1973, elle devient reporter de guerre au Moyen-Orient pour plusieurs chaînes internationales de télévision. Elle couvre ainsi plusieurs conflits,avant de se tourner vers le documentaire.

Entre 1974 et 1982, elle documente la résistance palestinienne. Pour tourner Le Front du Refus (1974), elle entre dans un camp d’entrainement de commandos-suicides clandestin. Elle réalise aussi en 1974 Les Palestiniens continuent et Les Femmes palestiniennes, film resté inédit car censuré par France 3. Son travail inspire confiance : seule journaliste choisie par Yasser Arafat pour monter sur l’Atlantis qui emmène les fedayin à Tunis, elle filme à la première personne Le Bateau de l’exil (1982).

En 1975, la guerre civile éclate au Liban. Jocelyne Saab réalise son 1er documentaire Le Liban dans la tourmente, censuré au Liban. Avec Beyrouth, jamais plus (1976), Lettre de Beyrouth (1978), Beyrouth, ma ville (1982), elle couvre la guerre au jour le jour, risquant parfois sa vie pour restituer la réalité du terrain.

«Jocelyne a saisi d’instinct, grâce à son courage politique, son intégrité morale, et sa profonde intelligence, l’essence même de ce conflit.» Etel Adnan

La cinéaste réalise plus d’une trentaine de documentaires, témoignant des grands bouleversements de la seconde moitié du XXe siècle et pour lesquels elle reçoit de nombreux prix. Derrière sa caméra, Jocelyne Saab capte les villes en guerre, les injustices, les populations meurtries et les résistances, au Liban mais aussi au Sahara Le Sahara n’est pas à vendre (1978), en Iran Iran, l’utopie en marche (1980), au Vietnam La dame de Saïgon (1997), en Turquie Imaginary Postcards (2016) ou encore en Égypte, Les Almées, danseuses orientales (1989).

« Vint le jour où je me suis lassée, ou plutôt, où mes yeux se sont lassés. Je ne voyais plus rien, trop de morts, trop de souffrance. Je suis alors passée à la fiction. Je voulais avancer, travailler l’image autrement. »

Après avoir été l’assistante de Volker Schlöndorff sur le tournage du Faussaire (1981), elle tourne en 1985 son 1er long-métrage fiction Une vie suspendue, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. En 2005, Jocelyne Saab signe Dunia, une comédie musicale tournée au Caire qui dénonce l’excision, très répandue en Egypte, et chante le plaisir. Cet hymne aux femmes et à la liberté lui vaut des menaces de mort par les fondamentalistes. Censuré en Egypte, le film remporte plusieurs prix internationaux, dont le Grand Prix du Jury du Festival du film de Sundance. Cinq ans plus tard, Dunia deviendra un film culte dans le monde arabe.

En 1992, Jocelyne Saab se lance dans un projet de reconstitution de la Cinémathèque libanaise. Elle parvient à rassembler plus de 300 films qui évoquent le Liban.

« La troisième époque de ma carrière est née lorsqu’on m’a fermé des portes, notamment avec Dunia en Égypte. Je me suis alors tournée vers la photographie. Une nouvelle manière de faire de l’image, seule, pour ne pas s’arrêter. Puis je suis revenue au cinéma, à la vidéo. »

En 2013, elle crée le Festival international du film de Résistance culturelle au Liban, qui s’intéresse aux cinémas d’Asie et de la Méditerranée. Fin décembre 2018, les Editions de l’Oeil publie « Zones de guerre », son 1er album de photographies.

Jocelyne Saab s’est éteinte le 7 janvier 2019.

PFC’E se réjouit de pouvoir faire (re)découvrir le regard de cette reporter de guerre et cinéaste d’exception, «toujours du côté de la résistance et de la liberté». Son style cinématographique radical et novateur, son art de l’analyse et sa faculté à questionner son époque, ont marqué l’histoire du cinéma. Elle a documenté la lutte du peuple palestinien en réalisant quatre films entre 1974 et 1982.

« Jocelyne Saab laisse derrière elle une œuvre monumentale, au plus proche des fractures historiques qui ont déchiré son pays et sa région du monde, toujours du côté de la résistance et de la liberté. Un témoignage indispensable pour l’histoire et nécessaire pour repenser l’écriture de l’histoire des images. » Mathilde Rouxel – 19.1.2019

PFC’E les projettera lors d’une projection hommage dimanche 8 décembre 2019 à 11h, salle Langlois au Grütli avec la présence de Mathilde Rouxel, auteure de « Jocelyne Saab, la mémoire indomptée » (2015), présidente de l’association des Amis de Jocelyne Saab.

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