Heini Srour
Heini Srour est née en 1945 dans une famille bourgeoise juive sioniste à Beyrouth, où elle a étudié la sociologie à l’Université américaine. Puis elle a obtenu un doctorat en anthropologie sociale à la Sorbonne.
En 1974, elle écrit, réalise, monte son 1er long-métrage L’heure de la libération a sonné, sur la rébellion du Dhofar à Oman contre l’armée britannique. Le film est sélectionné à la Semaine de la critique, faisant de Heini Srour la première femme arabe à avoir un de ses films projeté au festival de Cannes. Mais malgré ce succès, le film est interdit dans la plupart des pays arabes en raison de ses positions politiques socialistes et féministes. Seuls les Palestiniens le montrent, à l’initiative de Mustapha Abu Ali de l’Unité du Film Palestinien (OLP) et de Khadijeh Habashneh, qui a participé à l’écriture du scénario.
Refusant de suivre ses parents en Israël, Heini Srour affirme ses opinions antisionistes et se considère comme une Arabe libanaise avant d’être juive.
Cette pionnière du cinéma allie la critique du patriarcat dans la société arabe à la lutte contre l’impérialisme. Son 2ème long-métrage Leila et les loups (1984) reflète également ses convictions: « Inscrire les femmes dans l’histoire et conjurer l’invisibilisation dont elles font l’objet depuis la nuit des temps ».
Elle tourne encore 2 courts-métrages, The Singing Sheikh (1991) et Femmes du Vietnam (1995), qui sortent dans la confidentialité.
En 2021, la restauration de Leila et le loups et L’heure de la libération a sonné est l’occasion de redécouvrir cette œuvre trop peu connue, en résonance troublante avec l’actualité.