Archive Édition 2012

Pour marquer les 10ans d’existence des Missions civiles de protection du peuple palestinien et de sa création, le Collectif Urgence Palestine-Genève a choisi de célébrer le cinéma palestinien en organisant des Rencontres cinématographiques.
FILMER C’EST EXISTER. Si nous avons donné cet intitulé à nos Rencontres, c’est que, dans le cas du cinéma palestinien, il a une double signification : tout artiste existe par ses créations, mais pour les cinéastes palestiniens, à travers leurs films, ils affirment l’existence d’un peuple, d’une culture qui ne sont pas reconnus. Cette double dimension justifie pleinement la nécessité d’organiser ces Rencontres, offrant au public l’occasion de mieux connaître cette expression artistique.
Symboliquement, nous avons choisi d’ouvrir la 1ère édition de ces Rencontres cinématographiques le 29 novembre, date retenue par l’ONU pour la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, qui commémore le vote en 1947 de la résolution 181 sur le partage de la Palestine et la création de l’Etat d’Israël.
Pour réaliser notre projet, nous avons eu la chance de collaborer avec Nicolas Wadimoff, cinéaste genevois, et de profiter des liens qu’il a tissés dans la région depuis les années 90 avec les cinéastes palestiniens. Il y a aussi réalisé ses propres longs métrages, dont Les Gants d’Or d’Akka, documentaire sur un boxeur palestinien rêvant d’être champion du monde, L’Accord en 2005, et en 2010 Aisheen (Still alive in Gaza). Akka Films a partagé et soutenu notre projet tout au long de sa réalisation.
Il nous fallait un lieu : Le cinéma Spoutnik – qui essaie de mettre en place une politique de programmation qui permette à long terme d’approfondir le lien entre spectateurs, création cinématographique et réseaux de programmation parallèle – et ses deux animatrices Aurélie Doutre et Maud Pollien, se sont lancées dans l’aventure avec nous.
Cette 1ère édition de PALESTINE : FILMER C’EST EXISTER donne la place au regard, à la créativité, à l’imagination, à l’humour, aux convictions et aux espoirs des cinéastes palestinien-ne-s de Cisjordanie, de Gaza et des pays d’exil qui les ont accueilli-e-s.
C’est par leur regard que nous saisissons la réalité de cette terre, et que nous pouvons sentir battre son pouls. Regard qui parfois exprime la désillusion, la fatigue, le fatalisme et l’impuissance, mais dans lequel se reflète toujours et encore la volonté de résister, volonté puisée dans la force tranquille du Policier …invisible dès qu’il rentre chez lui dans la vieille ville d’Hébron, « Ils m’ont offert des millions de dollars pour que je quitte cette maison mais j’ai refusé et je remercie Dieu pour tout », ou encore dans ce regard amoureux que porte le héros de Fix Me pour cette terre et qu’exprime, dans la dernière réplique, son ami électricien: « Je trouve ma force dans la beauté qui m’entoure, mes amis, ma femme, ma fille ».
Il est très important pour nous que public et réalisateurs-réalisatrices palestinien-ne-s se rencontrent pour questionner, échanger, débattre de la manière dont ils/elles conçoivent le lien existant entre la création artistique et le milieu qui la féconde, entre la réalité du monde et de la Palestine et la restitution que nous en donnent les œuvres de ces cinéastes.
Catherine Hess – Françoise Fort
Octobre 2012